
pourtant
parfois l’aube me traverse
puis un matin
une fissure minuscule
ouvre une fenêtre
et je me demande
quel vent
de son souffle
me console
qui sait
ce soir peut-être
quelqu’un poussera la porte
et je verrai le ciel
plus épars
que je ne l’aurais cru
il y aura le fleuve
et les sables qui courent
mais il y aura aussi
au hasard des vents
les mains qui déterrent les tempêtes
et le repos qui se fait attendre
parfois des matins exténués
avalent le sombre de l’âme
une clarté ineffable se met en marche
alors nos corps font escale
dans la soie du plaisir
et on se surprend
à croire à nouveau
au bonheur d’être ensemble
jusqu’à l’or du feuillage dans le miroir
l’amour a des mains qui aspirent la lumière
Nicole Gagné, Chaude était ta bouche, Trois-Rivières, Écrits des Forges, 2015, p.32-34.